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Graphiste freelance : le bilan après 7 ans d’activité

Le 19 août 2013, je plongeais dans le grand bain du freelancing et lançais mon auto-entreprise. Sans business plan et sans vraiment savoir à quoi m’attendre, je me suis lancée les yeux fermés, me laissant entièrement guidée par mon intuition.

Aujourd’hui, nous sommes le 19 août 2020 et je fête la 7e année de mon activité de designer graphique et directrice artistique en freelance. En 7 ans, il s’en est passé des choses. Alors quoi de mieux qu’un retour d’expérience pour me présenter ?

la genèse : comment je suis devenue
designer graphique freelance ?

En 2013, le monde de l’entrepreneuriat n’existait pas tel qu’on le connait aujourd’hui : même si le statut d’auto-entrepreneur existait déjà depuis 2008, il était loin d’être autant mis en avant qu’aujourd’hui. À l’époque, le web ne fourmillait pas encore de podcasts ou de blogs dédiés à ce sujet. Être indépendant ne correspondait pas à une norme de travail, contrairement à aujourd’hui. C’était même parfois considéré comme une voie de secours. 

C’est pourtant à la sortie de l’école que je me suis lancée à mon compte. Mais alors pourquoi se lancer en freelance ? 

En juin 2012, alors que je venais d’être diplômée de l’école nationale supérieure d’art et de design de Nancy, je prends la direction de Paris dans le but de faire un stage dans une agence de communication. Cette première expérience professionnelle dans le monde de la pub m’apprendra beaucoup, humainement, techniquement, et notamment à savoir que je ne veux pas travailler en agence. J’enchaîne alors avec un autre stage, cette fois-ci dans une maison d’édition : c’est le coup de cœur créatif, je me sens à ma place à un détail près… 

Je manque clairement de liberté. 

C’est face à ce constat que mon employeur de l’époque me propose tout naturellement de me mettre à mon compte pour concevoir TLmag, un magazine indépendant d’art, de design et de lifestyle, à raison de deux fois par an. Me voilà donc indépendante !

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Direction artistique, coordination et conception graphique du magazine TLmag n°22, 2014

À ce moment là, j’ai seulement 23 ans et je décide de me spécialiser uniquement en design éditorial. Pour l’amoureuse du print que je suis, je viens de décrocher le projet qui va m’accompagner pendant 4 ans et m’ouvrir à de nombreuses opportunités. Jusqu’en 2017, j’ai été directrice artistique pour différents éditeurs indépendants, mais également plusieurs maisons d’édition et agences de communication parisiennes. 

Il y a de cela 9 ans, un de mes professeurs me conseillait fortement de m’orienter dans le domaine du digital. Encore aujourd’hui, j’arrive à prouver que le print est loin d’être mort.

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Direction artistique : monographie de l’agence d’architecture TVAA, 2013

l’adolescence :
l’envie d’explorer le monde

Paris est d’une part une ville énergique et cosmopolite, où l’inspiration se trouve partout. Mais d’autre part, elle peut aussi être épuisante et étouffante. Durant l’été 2017, j’ai eu envie d’un nouveau souffle : tester un autre mode de vie, travailler en équipe, concevoir de plus gros projets et toujours chercher à développer mes compétences. Alors après 5 années de vie parisienne, je prenais le risque de déménager au Luxembourg pour intégrer le studio de Maison Moderne en tant que Graphic designer. 

Oui, j’ai accepté un CDI dans une agence.

Le changement a été brutal et l’adaptation n’a pas été facile. Particulièrement après avoir été mon propre patron ces 4 dernières années. Je me souviens encore de la difficulté que j’ai eu à quitter la liberté et la créativité dont je faisais preuve, au détriment de nouveaux process bien calibrés, dont il fallait suivre la moindre étape. Chaque chose était à sa place, il n’y avait pas de débordement possible. 

Pourtant, j’ai eu l’incroyable opportunité d’être à la tête du magazine de la ville de Luxembourg, coordonner une équipe et collaborer avec les commerciaux pour, chaque mois, livrer un nouveau contenu créatif. C’était un très beau challenge. 

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Réalisation de la couverture du magazine City, juin 2018

Mais très vite, l’enthousiasme et l’excitation du début ont fait place à une routine quotidienne qui ne me convenait pas. Tout était trop lisse et les montagnes russes de l’entrepreneuriat me manquaient. J’aime réfléchir jour et nuit jusqu’à trouver la bonne solution, travailler selon mon emploi du temps, ou encore me former pour m’améliorer d’avantage ! Au bout de 6 mois, j’ai compris que les possibilités d’évolution au sein de cette entreprise me limitaient. En étant indépendante, je pouvais continuer d’apprendre, me développer et affirmer ma créativité de manière bien plus forte. 

C’est la raison qui m’a poussée à quitter un poste bien payé en CDI, situé dans une des villes les plus sûres du monde, avec un projet bien plus fou en tête

En novembre 2018, je décollais de Paris avec un aller simple, direction la Nouvelle-Zélande. 

Après 5 années dédiées au design éditorial, j’avais besoin de faire le point sur mes expériences passées et mieux construire mon futur. Alors je suis partie marcher seule à l’autre bout du monde, sac sur le dos et pouce en l’air sur les routes.  

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La randonnée du Tongariro, Nouvelle-Zélande

J’y ai appris à faire le vide. Lentement, ce vide a fait place à de nouvelles idées inspirantes et de plus en plus de créativité. Le voyage est alors devenu un moteur, les rencontres m’ont inspirées, la photographie et l’écriture ont pris une place centrale, toujours pour combler mon besoin de créativité. C’est avec beaucoup d’apaisement, une nouvelle énergie et des milliers de photos que je suis rentrée, après 8 mois de voyage dans ce pays incroyable. 

Et je sais qu’un jour, je prendrai le temps de créer une micro-édition retraçant cette expérience.

Le début de la sagesse :
mieux construire mon activité

Au retour de mon voyage, je suis revenue m’installer dans ma ville natale à Strasbourg, après avoir quitté la ville 10 ans auparavant. Alors je me suis posée la question : mais concrètement, qu’est-ce que je fais maintenant ?

Relancer mon activité en freelance était alors une évidence. Pour garder cette part de liberté que j’ai découvert dans le voyage, mais aussi pour prendre le temps de développer les idées qui avaient émergé au sommet des montagnes néo-zélandaises. 

D’abord à temps partiel, puis à temps plein depuis début 2020, j’ai rapidement réalisé que mon voyage avait eu deux grandes conséquences sur mon activité :
1. cette expérience de vie m’a inspirée et a clairement fait évoluer ma créativité pour rendre mes propositions visuellement bien plus fortes,
2. mais j’ai dû tout recommencer de zéro, avec notamment la création d’un nouveau réseau, ce qui m’a demandé beaucoup d’efforts et d’énergie.

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Création d’illustration pour l’association Be&Co, 2020

Heureusement, grâce à mon expérience passée et un portfolio bien fourni, mon activité s’est à nouveau développée en quelques mois, avec des objectifs concrets pour la suite de l’aventure. Je me positionne en tant que directrice artistique et prends alors le parti de proposer une offre pour la création d’identité visuelle et de packagings, en plus de mes compétences en design éditorial.

Les 7 leçons que je retiens
de mes 7 années d’expérience 

Au final, j’ai retenu de nombreuses de leçons de ce début d’expérience en tant que directrice artistique freelance. En voilà 7 qui se démarquent particulièrement :

Faire preuve de patience et de persévérance
Ce sont deux qualités difficiles à acquérir, notamment au lancement d’une activité. Sans elles, je ne serai clairement pas là où j’en suis aujourd’hui. Pourtant, j’ai longtemps manqué de patience et il m’est souvent arrivé de vouloir baisser les bras. Mais avec des objectifs clairs et précis, tout est possible !

L’importance du réseau pour se faire connaître
Être au bon endroit, au bon moment. Lorsque j’ai débuté, j’ai eu la chance de me faire rapidement connaître, grâce à l’irremplaçable bouche à oreille. Les réseaux sociaux n’étaient pas aussi présents dans nos vies, et encore moins pour le business. Aujourd’hui, se créer un réseau sur la toile est bien plus facile, notamment en étant spécialisé dans un domaine particulier.

Apprendre de ses erreurs
La difficulté est souvent de les reconnaitre. Il faut ensuite les accepter et apprendre à ne pas les répéter. L’une de mes plus grosses erreurs a été de longtemps croire que mes compétences étaient acquises. Pourtant, le domaine du graphisme évolue sans cesse et il y a toujours de nouvelles choses à apprendre. 

Investir sur soi
Cette leçon est toute nouvelle pour moi, mais me semble pourtant primordiale : prendre le temps de se former en continu, apprendre à maîtriser de nouveaux outils, travailler sa communication, mais aussi faire évoluer son offre et s’adapter à sa cible. Tout cela permet de développer son activité rapidement.

La richesse de l’expérience
Je suis designer graphique et directrice artistique depuis 2013, ce qui m’a permit de gagner en expérience. À présent, j’affirme mon savoir-faire et mes clients me font d’autant plus confiance. C’est pourquoi, je n’ai pas douté un instant lorsque j’ai relancé mon activité.

Bien s’entourer
Spécialisée à 100% dans le print, je n’interviens pas dans le domaine du web. C’est un choix assumé et je reviendrai particulièrement sur ce sujet dans un article dédié. C’est pourquoi, j’ai décidé de m’entourer d’experts de confiance pour réaliser ce que je ne maîtrise pas : webdesign, photographie, motion design… Ainsi, je peux répondre à une solution de création visuelle globale. 

Lâcher prise
Comme tout créatif, je tiens particulièrement à mes créations : elles sont le prolongement de mes idées et de mon savoir-faire. Cependant, j’ai appris la nécessité de me détacher des visuels que je conçois pour mieux répondre aux demandes. Car la plus belle récompense de ce métier est la satisfaction de mes clients face à un travail bien fait. 

À bientôt pour la suite de l’aventure !

© 2023 christelle aron